Waymo, mon Quotidien.

Mon Regard et ma Voix pour mes Soeurs Nigériennes du Pays et d'ailleurs

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Depuis quelques semaines, ma belle capitale et alentour défraie la chronique de par des vidéos à caractère pornographique mettant en scène certains adolescents se donnant à cœur joie à des actes de partouze.

Vidéos sur vidéos, nous assistons impuissants à un déferlement sur les réseaux sociaux de leurs parties de jambes en l’air qu’ils se plaisent à numéroter un à un. À l'heure où je vous écris, ils sont sûrement en train de tourner l’épisode 10 de cette gabegie.

Comme nous aimons si bien le dire ici, chaque jour avec son nouveau dossier ….

Essayons un peu de situer les responsabilités :

  • Parents qui délaissent l’éducation de leurs enfants au profit de l’école ?
  • Dépravation des mœurs ?
  • Conséquence du mauvais rapport avec les médias sociaux ?
  • L’État qui ne sévit pas ?
  • Ou encore simplement les signes de puberté ?
Dans les années 90, nos parents n’étaient pas nos parents à nous seuls, mais aussi les parents de tous les autres enfants du quartier. Ils étaient en quelque sorte dépositaire de l’éducation de chaque enfant à un coin de rue. Il était donc courant de voir un adulte autre que le parent direct sermonner un jeune, en cas d’attitude blâmable.  

Mais aujourd’hui, les temps ont bien changé. Certains parents ne savent pas ce que font leurs enfants, ne surveillant pas leurs activités scolaires et leurs fréquentations. Dans bien des cas, les enfants doivent se débrouiller seuls, y compris pour savoir ce qui est bien ou mal. Et bien souvent, ils se tournent vers leurs amis ou les médias.

Le danger est donc bien situé : les adolescents d’aujourd’hui fument, boivent, se droguent et commencent à avoir des relations sexuelles avant même la puberté. Signe d’une société qui va mal et au sein de laquelle le rôle de la famille et de la communauté tend à disparaître. 

L’avènement des médias sociaux à moindre coût rend accessibles diverses sources d’information. Informations pas constamment contrôlées ou contrôlables par les parents ou les adultes qui gravitent autour des enfants. Protéger nos enfants passe aussi par une communication éclairée et responsable envers eux. 

Si vous n’éduquez pas votre enfant, quelqu’un d’autre le fera. 

Prenons aussi en compte le fait que les générations futures seront au-devant de nos scènes politiques dans quelques dizaines d’années. Si rien n'est fait de façon à mettre un frein à cette montée de perversité morale des jeunes en général, alors tous les efforts actuels fournis par l'État en faveur du développement durable auront été un grand gâchis.

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Nous entendons lors des campagnes de sensibilisation qu’allaiter immédiatement et exclusivement au sein contribue à prévenir les retards de croissance, qui touchent de milliers d’enfants au Niger. L’allaitement exclusif consiste à quoi ?? Il s’agit là de nourrir son enfant uniquement avec le lait maternel comportant des bienfaits pour la santé et le développement du bébé sans ajout d’eau, de jus de fruits, de laits infantiles. De plus, l’allaitement a aussi des bienfaits pour la mère.

Personnellement, je trouve que l’initiative est louable, l’objectif principal étant de faire la promotion de la santé de l’enfant. Mais ce qui me laisse dubitative, c’est le manque de réalisme qui s’opère autour de ces différentes campagnes, je m’explique :

Le congé de maternité ici au Niger pour une femme employée est de quatorze semaines, y compris les huit semaines de congé postnatal. Et il ne peut être prolongé que de trois semaines en cas de maladie résultant de la grossesse ou de l'accouchement, avec pour obligation de fournir un papier médical. 

Comment pouvons-nous dans ces conditions pratiquer un allaitement exclusif alors que les lois en vigueur ne nous le permettent pas ?? Et ce qui me choque le plus, c’est que nous n’avons droit qu’à une heure d’allaitement journalier, à savoir 3 0minutes le matin et 30 minutes le soir… Est-ce qu’on va s’en sortir ??

Nous n’avons pas encore fini de nous remettre de la fatigue de la grossesse, de celle de l’accouchement, des nuits blanches qu’il faut déjà repartir travailler. Entre épuisement et chamboulement, il faut encore laisser ce petit être que nous venons de mettre au monde se nourrir avec un bout plastifié parce que simplement nous ne pouvons pas, nous n’avons pas le droit de rester le nourrir correctement faute de quoi, chômaaaaaaage.

Je me rappelle encore de toute la culpabilité que je trainais chaque jour sur ma tête en laissant mon bébé de quelques semaines pour aller travailler. Du matin au soir, point de contact, point de tendresse, point de caresses… Il m’était même difficile d’être totalement productive parce que simplement je n’arrivais pas à comprendre comment prôner quelque chose et ne pas nous aider à obtenir les moyens légaux pour veiller à son application.

Les normes institutionnelles qui poussent à l’allaitement maternel exclusif ne correspondent pas, voire sont contradictoires avec les normes sociales et culturelles… Nous ne demandons pas une année de congé maternité, mais justes six mois… 

Que représentent ces six mois, si cela permet d’avoir des bébés en meilleure santé ??

Si nous ne pouvons pas obtenir ces six mois, permettez-nous au moins de bénéficier d’un coin d’allaitement maternel dans nos lieux de travail, une petite crèche où nos bébés sont gardés pour que nous puissions les allaiter à la pause ou aux heures recommandées ou si cela est encore jugé trop large, permettez-nous quand même qu’on nous amène nos bébés aux heures d’allaitement afin de les nourrir correctement pendant les six premiers mois de vie.

Avec Covid19, nous avons vu qu’il est possible de travailler de la maison, le télétravail peut également être une alternative à proposer aux femmes employées qui viennent de donner naissance.

 

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Chez nous au Niger, le mariage demeure une règle quasi incontournable dans le quotidien. 

Pour les femmes, comme pour les hommes, l’accomplissement social passe nécessairement par le mariage et la constitution d’une descendance. Pour nous, femmes, tout essentiellement, la reconnaissance par la communauté́ ne peut s'accomplir en dehors du statut d'épouse mais aussi de mère.

Après le mariage, vient une sorte de dilemme entre « femme au foyer » à savoir rester s’occuper des enfants, du ménage et de la belle famille et  « femme fonctionnaire » qui sort le matin et rentre le soir pour une meilleure émancipation d’elle-même. Et ce dilemme est d’autant plus grand que nous sommes dans un pays où, tenez-vous bien, l’homme a les pleins pouvoirs d’imposer à sa femme de ne point travailler.

Si le trio « femme, mariage, maternité » nous est parfois présenté comme le parcours idéal-type de la réussite féminine, de plus en plus, le parcours professionnel ou la capacité́ de mobilisation financière des femmes devient également des critères de reconnaissance de la réussite sociale.

La femme au foyer fera-t-elle forcément une bonne épouse et mère ?

La femme fonctionnaire fera-t-elle forcément une mauvaise épouse et mère ?

Le travail concurrence-t-il le mariage comme moyen d'émancipation des femmes ? 

On dit des femmes au foyer « qu’elles ne font rien » … Mais j’aimerai bien savoir, se tuer à la tâche du matin au soir entre les enfants, le ménage, la cuisine etc, est-ce ne rien faire ? Être la première à se lever et la dernière à se coucher, est-ce ne rien faire ? Veiller sur les enfants malades et même être au charbon quand nous-mêmes n’avons pas une bonne santé, est-ce ne rien faire ? 

Surtout que l’engagement professionnel n’exclut pas pour autant les activités domestiques socialement assignées aux femmes : participer à l’économie domestique en rapportant de l’argent, ce n’est pas tout. Il faut aussi accomplir la part des tâches qui leur reviennent dans la maison afin de conserver le titre symbolique de « bonne » femme.

Nous avons certains hommes qui crient à la cherté de la vie en évoquant sans cesse leurs difficultés financières, pour contraindre les femmes à participer aux charges domestiques. Et quand cette dernière ne travaille pas, il faudra encore demander de l’argent au mari et cela est source de tension.

Quand la femme a un bon poste, elle devient un semblant de bête noire qu’il faut à tout prix recadrer. Et entre nous-mêmes femmes, nous tentons de déplacer le débat en se demandant comment X ou Y arrive à trouver un temps pour le mari, les enfants, la maison… La question ne se pose pourtant pas quand c’est l’homme qui est haut placé.

Et quand l’on est prétendu ‘ne rien faire’, c’est encore pire parce que le monde entier pense que nous dilapidons les biens de nos maris.

La femme idéale… Laquelle est-ce donc ??  

 


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Nous y voilà : le ramadan toque à nos portes pour la grande majorité des 1,8 milliards de musulmans dans le monde entier. Nous nous souvenons encore du Ramadan passé où les mosquées sont restées closes et les prières collectives proscrites. Cette année, point d’interdiction. Pour que le jeûne du mois soit valide, il faut d’abord en formuler l'intention (niyya) et éviter avec soin tout ce qui pourrait le rompre.

 Au Niger, plus de 95% de la population est musulmane ; ce qui entraine beaucoup de changements dans notre mode de vie ; nous avons essayé d’en lister quelques-uns :

Sur le plan religieux :

·      L’habillement des jeunes filles et femmes changent radicalement (ou presque), ce qui est une bonne chose ;

·      L’on offre la Zakat (l’aumône) beaucoup plus que d’habitude ;

·      Nous nous concentrons plus sur l’apprentissage de la religion. Même à la télévision publique, les émissions religieuses se multiplient ;

·      Les photos de profil des virées en boîte de nuit virent à des images plus halal lol.

Sur le plan professionnel :

·      Dans l’administration privée comme publique, les heures de travail sont réduites, il en est de même pour les écoles ;

·      Les plus nantis vont recevoir des paniers Ramadan, le moyen et bas peuple des cartons (ou paquet) de sucre (on dit que c’est l’intention qui compte).

Sur le plan social et économique :

·      Les dépenses sont multipliées : au moment de la rupture du jeûne, l’on ne lésine pas sur les moyens pour se faire plaisir et faire plaisir à sa petite famille ;

·      Les prix des denrées alimentaires connaissent une explosion ; un petit citron pour le thé va passer de 25F à 100F ; les produits de base n’en parlons pas ;

·      Le futur beau de la famille doit faire son entrée en jeu à partir de ce moment-là avec ses cadeaux pour exprimer son intention à sa future fiancée ;

·      N’oublions pas les suiveurs qui jeûnent parce qu’il ne pourrait pas en être autrement dans un milieu où tout le monde fait le carême. 

Au-delà de tout ceci, nous devons obligatoirement éviter la rupture spirituelle telle que la calomnie, la jalousie, les injures, insultes. Le ramadan, c’est un entrainement à maitriser ses sens et ses émotions, pour être en phase avec Dieu. Quand le cœur refuse, le corps refuse : sachons faire les bons choix.

À toutes et tous, bon mois de Ramadan et qu’Allah nous facilite.

Amin.

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Il y a quelques jours, nous avons oscillé entre effroi et colère sur les réseaux sociaux quant au viol de plusieurs femmes à Téra par des soldats tchadiens engagés dans la lutte contre les djihadistes au Sahel.  Un viol, qu'il soit commis ou non par un représentant de l'État, constitue une violation des droits de la femme et des libertés fondamentales : le viol est un crime qui troque les victimes en parias, brise des familles et détruit le fondement même des communautés.

 

Malheureusement, ces lots d’agressions sexuelles sont de tous les profils et ne datent pas d’aujourd’hui : agents des forces de l’ordre et de sécurités, enseignants, marabouts, praticiens de la santé, chauffeurs, oncles, pères, frères, cousins, voisins, boutiquiers du coin… Sans compter les « droits de cuissage » exercés aussi bien dans le secteur public que privé.

Si les violences dont font l’objet les femmes ne constituent pas un fait social nouveau, l’intérêt accordé à cette question est un fait qui marque surtout notre époque et plus particulièrement les deux dernières décennies. Jamais nous naurons autant parlé de violence basée sur le genre, jamais autant on aura tenté d’en cerner l’ampleur et les formes et on aura été́ invité à la dépister et à la combattre. 

C’est difficile pour une femme, surtout en milieu rural, de parler de son viol en présence de plusieurs autres personnes. Ainsi, la justice devrait trouver une solution pour que leurs procès se fassent à huis clos, sans cour d’assises. Cela pourrait les encourager à porter plainte ; quand les confidences se font ailleurs, lors d’échanges avec des proches ou encore dans un commissariat lors d’un dépôt de plainte, le témoignage peut se transformer en calvaire. 

 

La parole des victimes est parfois questionnée, mises-en doute, ce qui constitue souvent un nouveau traumatisme, en particulier quand il s’agit d’un premier récit. Certaines femmes ayant témoigné de leurs agressions, l’ont appris à leurs dépens en recevant des réponses très agressives, à mille lieues de la bienveillance prônée par les associations.

 

Si nous voulons combattre le viol, nous devons d’abord changer de mentalité en voyant une femme ou une fille violée comme une victime et non comme celle qui a cherché son sort. Et à partir de là, nous pourrions les soutenir, les aider à obtenir justice et lutter ainsi plus efficacement contre ce phénomène.

Nous pourrions aussi :

    • Éduquer les filles et les femmes à se protéger contre la violence et le harcèlement;
    • Garantir que les châtiments prescrits en cas de viol soient proportionnés à la gravité du crime. Si besoin, amender les lignes directrices données aux juges en matière de peines ;
    • Veiller à ce que toutes les femmes qui ont subi des violences, notamment des viols, aient accès à un moyen de réparation comprenant un dédommagement ; 
    • Traduire en justice tous les auteurs de violences liées au genre, notamment le viol, par des procès conformes aux normes internationales de procès équitable.

 

 

 

 

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Ces dernières années dans notre pays, la question de l’emploi des jeunes est devenue une lourde préoccupation.L’insertion professionnelle, particulièrement des femmes, représente un double défi dans un pays qui connaît : une forte croissance démographique, où les garçons sont considérés comme prioritaires sur les études et qui est classée parmi les derniers au monde en matière de développement. À tout cela s’ajoute un manque d’expérience professionnelle qui constitue un énorme obstacle. 

Très souvent, les employeurs exigent un minimum d’expérience pour recruter, alors que les opportunités de stage sont rares : pas d’expérience professionnelle = pas d’emploi. Ainsi, de nombreux jeunes étudiants font quotidiennement le tour des entreprises à la recherche d’un stage. Parmi eux, trop souvent, seuls ceux qui sont bien réseautés obtiennent des réponses favorables. 

 

Mais hélas en plus des difficultés liées à l’obtention d’un stage, ceux qui réussissent à en décrocher un sont souvent exploités. La période de stage s’apparente à un calvaire plutôt qu’à un moment de découverte et d’acquisition de compétences quand on est l’enfant d’une personne lambda. Beaucoup de stagiaires sont victimes de pressions de la part de leurs chefs, allant de la lourdeur des tâches à des agressions verbales mais aussi des avances sexuelles et un mauvais encadrement ne tirant aucune connaissance pratique, etc. 

 

Une chose doit être claire : le stagiaire n’est pas là pour les sales besognes ou encore moins supporter les humeurs massacrantes. Sachez refuser les tâches ménagères : faire le café de temps en temps oui ? le faire tous les jours et servir, non. Sachez refuser les « courses » : aller chercher les enfants du directeur à l'école ou sa veste au pressing ne fait généralement pas partie des missions du stagiaire.

 

Sur le papier, un stagiaire ne « travaille » pas : il « se forme ». Pourtant, bon nombre d’offres de stage « à pourvoir urgemment » sont en réalité des offres d’emplois déguisées : le stage est un moyen tristement efficace de pallier le besoin d’effectif sans élargir le budget dédié aux recrutements.

 

Quand elles en ont la possibilité, certaines entreprises privées prennent l’initiative d’offrir une rémunération et des tickets restaurant. Mais, elles demeurent rares. Il faudrait donc que les managers n’oublient pas que leur devoir est avant tout de former leur stagiaire. Il faut faire attention à émettre des offres de stage contenant des missions claires car un stagiaire qui n’a pas compris sa mission est un stagiaire démotivé : sachez développer leurs compétences, les encadrer et les aider à les améliorer.

 

 

 

 




 

 

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Au Niger, et un peu partout dans le monde, les médias sont vus comme une solution de conquête du pouvoir politique, mais aussi un mécanisme incontournable pour s’y maintenir. À quelques jours de la validation par le Conseil constitutionnel des résultats de la présidentielle (jugée inconstitutionnelle par l’opposition), nous assistons à de fausses déclarations, images et vidéos sorties de leur contexte sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp, ce qui nous a valu une coupure du réseau internet par les compagnies de téléphonie Niger Telecom, Zamani Telecom, Moov Africa Niger et Airtel Niger.

 

La population est encore sur le qui-vive et les informations qui circulent amplifient les rivalités politiques : chacun accuse la partie adverse de ne point arranger les choses et d'anciennes images de rassemblements ont aussi été ressorties en les faisant passer pour des manifestations actuelles.

 

Quoi qu’il en soit, plus l’intox est grande et plus elle est partagée : la sensibilisation citoyenne est en train de se perdre au profit d’un tsunami médiatique. Il suffit qu’une marche se profile à l’horizon et que l’information soit relayée pour que le jour j, Niamey, notre belle capitale, se transforme en ville morte. Les gens ont peur et beaucoup préfèrent se terrer entre les quatre murs de leurs maisons plutôt que de sortir et de subir.

 

Pourquoi ? Parce qu’il a été dit sur les réseaux sociaux que des actes de vandalisme seront à l’ordre du jour. Nous n’avons absolument pas besoin que la haine et la violence s’installent dans un pays avec une population majoritairement jeune. Et où se trouvent ces jeunes qui véhiculent ces messages?? Sur les réseaux sociaux.

 

Cette paix que nous avons longtemps sauvegardée au Niger est en train de couler par tirs de gaz lacrymogène et des heurts. Ces infrastructures qu’on appelle à vandaliser ou encore ces routes détruites n’appartiennent ni au Président de la République, encore moins à ses ministres mais à nous, nous les jeunes dont la situation est à l’image de celle du pays avec un niveau d’instruction assez faible, une situation socioprofessionnelle instable et des conditions de vie parfois précaires.

 

Ne pas être de même bord politique ne doit pas faire de nous des ennemis encore moins nous mener à détruire notre propre pays, nos propres terres : sachons mener les bons combats.

 

À bon entendeur….

                                        

 

 

                                                   

 

 

 

 

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Je me rappelle encore de cette soirée de septembre où j’ai accouché d’une merveilleuse princesse à la maternité de la clinique XXX, il devait être trois heures du matin… Couchée sur la table d’accouchement, à bout de souffle, je priais intérieurement le bon Dieu de me libérer de mes peines et de m’aider à passer ce cap. 

 

Déboussolée, j’ai eu la malchance de me retrouver en face d’une sage-femme qui n’avais rien de sage et d’une fille de salle à la langue pendue… Un an après, je me rappelle des mots crus qu’elles m’ont dits : « tais-toi, ne bouge pas, tu gémis comme si tu étais dilatée pleinement alors que tu n’es encore qu’à 4 doigts » et j’en passe. 

 

Et tenez-vous bien, une fois venu le moment de pousser, elles sont toutes deux parties s’asseoir et causer entre elles pendant que je me tordais de douleur ; la question que je me pose encore aujourd’hui est : et si mon enfant était tombé sur ces carreaux immaculés de mon sang dans cette petite chambre d’accouchement ?

 

J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés ma grande sœur qui était du domaine médical et qui les a rappelés à l’ordre et m’as assisté jusqu’à ce que je donne naissance.

 

VENONS-EN AU FAIT :


Les violences obstétricales sont une forme de violence restée longtemps dissimulée ; l’expérience vécue par les femmes dans les centres de santé lors de leur accouchement devient une préoccupation majeure au Niger. Les plus exposées à ces détresses sont les jeunes filles primipares, mais aussi les femmes non instruites en milieux ruraux et urbains.

 

En plus du manque de soutien et d’accompagnement, nous subissons violences physiques et verbales, ingérences médicales non demandées ou encore pires, une réelle négligence du personnel de santé présent.

 

Ici au Niger, nous avons la chance de bénéficier de la gratuité lors de l’accouchement dans les maternités publiques et donc quand c’est gratuit pour la femme qui va accoucher, c’est que la société paie pour elle. J’ai l’impression que certaines sages-femmes pensent que nous sommes bien chanceuses et donc nous n’avons pas à revendiquer quoi que ce soit. Ça c'est encore si tu peux accoucher par toi même, ne parlons même pas de celles à qui on fait des césariennes et qui subissent pire...


 Une fois en salle d’accouchement, nos sœurs qui ont le malheur de tomber sur des bouchères en ressortent traumatisé : lisez ce témoignage recueilli ce matin auprès d’une de nos Waymo :

 

« Les expériences traumatisant j'en ai vécu, beaucoup même, je me considère comme une femme forte, je le suis émotionnellement mais physiquement non. Je ne supporte pas la douleur de la chaire, j'ai un seuil de tolérance très faible. 

 

J'en ai vécu des situations traumatisantes mais pour le 16 février jusque-là, c'est la plus traumatisante je crois. J'ai été mutilée, ils disent que c'est normal mais ça ne l'est pas. J'ai fait des recherches et il y avait un moyen de diminuer ou d'atténuer ma souffrance mais malheureusement ici chez nous ce n'était pas encore connu. J'ai été traité de chochotte mais je m'en fous royalement. Parce que j'ai eu mal, à un seuil que je ne croyais même pas possible, c'était inimaginable, mais ils disent que c'est normal. Alors que non.

 

Avant de commencer, la première sage-femme disait à leur chef " tantie le col est fermé et elle ne saigne pas" elle lui a répondu" j'ai déjà rempli son dossier il va être envoyé à L'AMIU (là où se passe l'avortement)" , j'étais choquée, pourtant la gynécologue qui m'avait envoyé à la maternité centrale m'a clairement dit" elles vont te prescrire un médicament et lorsque tu commenceras à saigner tu retourneras pour l'aspiration " , normalement mon col devait être dilaté, mais ce n'était pas le cas. 

 

Lorsque je me suis rendue auprès de celles qui devaient me faire l'AMIU , celle qui m'a fait la préparation vaginale a notifié à sa collègue que le col était fermé que ce n'était pas une urgence, elle lui a précisé "elle ne saigne pas", elle a essayé de l'ouvrir avec un de leurs outils de travail mais ça ne s'ouvrait pas, elle a dit encore " le col ne s'ouvre pas" ,sa collègue ou peut-être son supérieur lui a répondu en se dirigeant vers moi " aga féri nissi ga dan Gabi no( il va s'ouvrir tu ne mets pas assez de force") et elle qui avait assez de force l'a forcé.

 

 Quelques jours plus tard j'ai demandé à une amie qui était dans la salle qui voyait ce qui se passait de l'autre côté si mon col était ouvert ou pas elle m'a répondu que j'étais à 1 doigt, un doigt est-ce suffisant pour faire une aspiration ? Mon col a-t-il été forcé ? Aurai-je des séquelles ? Je ne sais pas. Demain mardi 23 février je retourne pour un contrôle je saurai si tout va bien ou pas.

 

J'ai été grondé et menacé pendant la procédure parce que je laissais libre cours à ma douleur, je me suis exprimée de la seule façon dont j'exprime mon mal-être d'habitude, en criant en gémissant, mais c'était tellement épouvantable que cette fois-ci j'ai hurlé, j'ai suffoqué par manque d'air parce qu'on me demandait de fermer ma bouche pour couvrir mes cris de honte, puis on me demandait encore de respirer par la bouche et de me détendre, pendant que mon utérus était en feu pour ne pas risquer de me blesser, on m'a menacé et crié dessus... Ça ce n'était pas normal, et ça ne me calmait pas du tout.

 

Je tremblais et transpirais de tout mon corps, je ne sentais plus mes pieds, j'avais sauvagement mal, et je me faisais charrier pour ma soi-disant "faiblesse", le fait de crier n'était pas digne d'une femme qui a été créé pour souffrir selon elles, alors qu'avec l'avancée de la science ce n'était plus normale de souffrir tant qu'il n'y a pas de faits spéciaux, la normale est devenue indolore, en tout cas pendant l'acte... Mais nous femmes noires n'avons pas ce droit.

 

Une des dames me disait " est-ce que quand c'est ton mari qui est sur toi tu hurles comme ça"... Comment peut-on comparer ces deux cas ? Alors selon elle faire l'amour revient à se faire aspirer l'utérus ? Non je ne pense pas. Elle termine en disant" pourtant je suis sûre que ce sont elles qui sont accros au sexe" ».

 

 Le commentaire le plus pathétique, irréfléchi et irrespectueux. Une victime de viol peut tomber enceinte et peut aussi subir un avortement déclenché, donc selon sa logique à cette dame, certaines ont plus le droit de pleurer ou de s'exprimer que nous autres qui avons pris une grossesse désirée ? »

 

Je ne peux comprendre que ces commentaires viennent de FEMMES, celles-là même qui sont censés nous comprendre… Continuons :

 

« Je ne suis pas une mauvaise personne mais je voudrais bien la voir en train d'accoucher ou subir ce que j'ai subi...et lui répéter toutes ses phrases désobligeantes. Elle a menacé presque 3 fois d'arrêter l'aspiration parce que je criais, elle disait " moi je vais arrêter je n'en peux plus de ses hurlements c'est quoi cette journée pourrie où on m'envoie que des enfants qui soit ne restent pas tranquille, soit elles hurlent j'en ai marre.

 Il fallait que mes amies médecins qui étaient avec moi la négocient pour qu'elle continue, pour faire le travail pour lequel on la paie elle devait être négociée, je ne sais pas si elle le pensait ou si c'était un moyen de m'intimider pour que je me taise, mais elle l'a fait et ce n'était pas du tout adéquat.

 

À la fin c'est la femme de ménage qui me parlait avec douceur et calme, c'est elle qui m'a réconforté, elle a été si douce avec moi ... pourtant elle son travail c'était le ménage, celles qui devaient le faire se moquaient de moi. J'ai eu une longue très longue journée, qui n'est toujours pas finie puisque je n'arrive pas à dormir, j'ai mal et je suis traumatisée, une journée noire comme on dit... Une très horrible journée. 

 

Je vais me mettre au lit à côté de mon mari qui ronfle tranquillement et qui dort paisiblement, pendant que je souffre, pour me reposer... j'espère que demain sera plus gaie... J'en ai besoin.

Ya Allah guéris moi. »

 

Voici ce que nous vivons dans un pays démocratique… Comment pouvons-nous éradiquer les violences faites aux femmes et aux filles si les premières à infliger des douleurs inimaginables sont les femmes elles-mêmes ??

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Ah les amis, deux jours-là les réseaux sociaux sont douuuux, l’humour y fait son show. Il y a un nouveau challenge mal chic, nous l’avons tous vu, liker, partagé et commenté qui consiste à révéler les petites faces cachées des uns et des autres avec une touche de raillerie.


Ceux qu’on appelle « immature » sont en train de s’ambiancer sur la toile et la mayonnaise prend de partout. L’ampleur est telle que les entreprises, et même certaines organisations internationales emboîtent le pas pour passer un message et acquérir encore plus de followers.

 

Mais certains n’ont malencontreusement pas compris le vrai concept de ce jeu et en profite pour régler leurs comptes qui datent d’Adam et Eve avec les concernés.

 

Alors, vérité déguisée ou simple blague en passant ????

 

Dans notre société, il faut faire le buzz pour acquérir de la popularité. Mais là où nous voulons attirer l’attention de tout un chacun c’est sur la dureté des expressions dans certains mots que nous utilisons pour une course aux likes.

 

Le challenge en cours vise une explosion de bonne humeur, et non une forme d’expression incitant à des messes basses. Je ne peux pas parler ouvertement de telle ou telle personne, alors je vais profiter de ce buzz pour vider mon sac… Ah ah cher ami manti yadine no haraka meh .

 

J’ai vu des postes de filles se moquant de certaines qui ont divorcé, eu des enfants hors mariages ou encore qui vivent des moments difficiles et se targuent à les narguer. Il y’a un adage de chez nous qui dit que « hay koul kan ka bonkana gna ga, koul ga ka bonziba gna ga. » (En terme clair, le karma n’oublie personne).

 

Ce n’est pas ça le but du challenge, si tu as une dent contre quelqu’un, va lui dire directement. Si c’est trop chaud entre vous, frappez-vous 😆😆😆 mais de grâce ne mélangez pas cette bonne humeur que les gens partagent autour d’eux avec vos pseudos règlement de comptes.

 

 Merci et allons continuer les partages 😆