Il est environ 7 heures du matin... Les cris des paons du voisinage viennent de me réveiller comme tous les matins, c’est d’ailleurs eux mon réveil. Àcette heure, Cheick est déjà sur pied prêt à aller au boulot, il est très matinal. J’ai les yeux ouverts mais j’attends ma motivation matinale, dont seul Cheick a le secret : un looooong câlin. C’est mon carburant pour me faire quitter le lit et commencer par la première lamentation de la journée, en demandant à Cheick quand est-ce que nous allons quitter cette maison et aller dans notre troisième maison. Ces maudits paons m’empêchent de faire la grâce mat.
Ah je ne vous ai pas dit, Cheick c’est mon tout. C’est mon premier et dernier amour. On s’est rencontrés quand on était à l’école primaire, nos familles vivaient dans une cour commune à Boukoki. On se cachait pour se voir en se donnant des rendez-vous à l’école ou sur la terrasse des voisins qui étaient absents.
Aujourd’hui, Cheick est opticien et moi vendeuse de Bazin « hadjia Zouera », c’est le sobriquet que les gens m’ont donné. Mais ne vous fiez pas, j’ai un chiffre d’affaires modeste. Tout le monde pensait que notre amour était juste un love d’enfance, mais nous leur avons montré que c’est « collé-chimenté », ce, même lorsque Cheick était parti pour les études en Russie.
Àl’époque il n’y avait pas de réseaux sociaux. C’était les lettres. Aujourd’hui encore je garde quelques-unes de ces lettres que mon monsieur m’envoyait. Il avait les mots et savait les placer au bon moment. Un homme vous a déjà dit que vous étiez ce qu’est le pont Kennedy pour les habitants de la rive droite ? je vous parle de l’époque où il n’y avait qu’un seul pont qui reliait la rive droite à l’autre partie de la ville. Ou encore que si je devais le quitter de le faire sous la pluie pour pas voir ses larmes couler, que si une seule goutte d’eau me dit qu’elle m’aime, lui il m’amènera l’océan pour me prouver tout son amour.
Vous les gens de maintenant, vous allez trouver cela débile, mais pour ceux des années 90, c’était un autre niveau le fait d’avoir quelqu’un qui te dit tout cela.
Assez parlé du passé, je dois me préparer et me rendre dans ma boutique. Arrivée au marché, il me faut toujours faire des acrobaties pour trouver une place pour garer. Ici au grand marché, ceux qui ont les meilleures places de parking sont ceux qui arrivent tôt, or moi là, hum. Les retardataires garent souvent loin du marché et doivent marcher. Mais moi, marcher sous ce chaud soleil avec mon Bazin dont le mètre fait 40 000 F CFA ? jamais !!! Il y a un petit qui me trouve très souvent une bonne place moyennant un billet. Mais aujourd’hui je ne le vois pas et toutes les places sont occupées. Pas le choix je dois aller parquer ailleurs et marcher. Après avoir garé ma voiture, je marche pour aller à boutique quand soudain un véhicule passa dans une flaque d’eau et m’asperge de cette eau nauséabonde.
Avez-vous une fois senti l’odeur des eaux usées d’une vendeuse de doukounou ? mélangées aux eaux débordantes des caniveaux ? Je venais de prendre une douche de cette mixture. J’ai cru être dans un film. Toute la zone du marché s’est mise en pause, car presque tout le monde me connaissait et a au moins une idée du degré de mon absence de tolérance.
La porte de voiture s’ouvra et le chauffeur sorti pour se diriger vers moi, tout le monde était impatient de voir ma réaction, la réaction de hadjia may Bazin, celle qui ne pardonne pas.
Mais à la surprise générale, je ne dis mot ; j’attendais que le monsieur prononce les premiers mots. Il s’est mis à s’excuser au point de vouloir se mettre à genoux. J’étais gênée, je lui ai juste demandé de m’amener à ma voiture pour que je puisse retourner me changer car le seul courage que j’avais à cet instant c’était de faire quelques pas pour rentrer dans ma voiture et retourner à la maison. Le monsieur insista pour me ramener jusque chez moi, mais j’ai refusé en lui disant que mon mari était extrêmement jaloux. En réalité Cheick n’est pas vraiment jaloux, parce qu’il sait qu’en deux ans de relation il n’a jamais entendu une seule rumeur de tromperie sur moi, c’est pareil pour lui aussi. Cheick est droit, il ne me cache rien. On se dit tout.
Le monsieur avait entendu les gens crier, hey c’est hadjia may Bazin et m’a donc demandé en cour de route si je vendais des Bazin, je lui ai dit que oui. Il m’a alors proposé de venir visiter ma boutique avec sa femme, et a pris ma carte de visite, une façon pour lui de se racheter me disait-il. Àcet instant je voulais juste rentrer chez moi. C’était d’ailleurs les seuls mots qu’on avait échangés dans le véhicule. Ça se voyait que c’était un homme sérieux et dans tous les cas moi j’ai mon homme à vie.
Arrivée à la maison, j’ai passé deux longues heures sous la douche. Je n’ai pas eu la force de retourner au marché ce jour-là. Le nouvel arrivage que je devais réceptionner a dû alors attendre. Àson retour de travail, quand j’expliquai à Cheick ce qui m’arriva il passa son temps à se foutre de moi en disant que c’était les conséquences du fait d’être toujours en retard.
J’ai alors pris la ferme décision de ne plus me coucher après la prière de 6 heures et d’arriver au marché tôt pour toujours avoir une bonne place de parking. Engagement que je respectai tous les jours sauf dans certaines situations exceptionnelles. Un jour pendant que j’étais en train de faire le compte, le fameux monsieur qui me donna quelques semaines plus tôt la douche d’eaux usées fit son entrée dans ma boutique en compagnie d’une dame, sans doute sa femme. On se salua et fit les présentations.
C’est là que j’ai appris le nom du monsieur, Moussa et sa femme Hadiza. Moussa s’excusa à nouveau et me disait que c’était madame qui lui avait mis le feu à la maison raison pour laquelle il conduisait en ayant la tête ailleurs. On s’est tout de suite mises à rigoler avec Hadiza. Cette dernière était très ouverte, nous avons alors sympathisé et au bout de quelques mois sommes devenues de grandes amies et cette relation m’amena plusieurs nouvelles clientes. De temps en temps je partais chez Hadiza et vice-versa. Mais jamais, Cheick n’a jamais rencontré Hadiza, il m’entendait juste parler d’elle ou parler avec elle au téléphone. Il se disait que c’était certainement l’une de mes amies que je vais finir par chasser, oui malheureusement beaucoup de femmes deviennent mes amies parce qu’elles veulent me soutirer des sous et quand je découvre cela, je les chasse.
Mais avec Hadiza c’est différent, elle a tout ce qu’elle veut car Moussa, un entrepreneur dans le bâtiment lui donne tout ce dont elle a besoin. Je ne vous ai pas dit, le premier jour quand on s’est rencontrés la facture des Bazin qu’il lui a acheté s’élevait à 500 000 F CFA. Mais ce n’était pas ce qui a fait que nous soyons devenues des amies, même si j’avoue que ça peut être une source de motivation. Après tout, je suis commerçante non ?
Un jour en prenant ma pause habituelle de 13 heures, je décide de faire un crochet chez Hadiza pour voir si son état de santé s’est améliorée car elle me disait ne pas se sentir bien. Je voulais lui faire une surprise et lui ai pris son gâteau préféré. Mais à mon arrivée, ma jumelle, c’est le surnom qu’on s’était donnée, n’était pas la maison. Je décide alors de mettre le gâteau de Hadiza au frigo. Vu que tout le monde me connaissait dans la maison le gardien me laissa entrer par la porte de la cuisine pour y déposer le gâteau, car la femme de ménage n’étant pas là et le gardien n’a pas le droit de rentrer dans la concession.
Ayant eu une envie soudaine d’aller aux toilettes, je décidai d’aller me soulager, mais en sortant des toilettes, j’entendis des gémissements bizarres venant de la chambre d’amis de la maison. Curiosité de femme, je décidai alors d’aller voir ce qui se passa, sachant que mon amie est sortie. J’approchai tout doucement en faisant très attention à ne pas faire de bruit, plus je m’approchai de la chambre plus les gémissements s’intensifiaient. J’étais sûre et certaine qu’il s’agissait d’ébats s’sexuels.
Je me posais au même moment plusieurs questions : est-ce que je dois continuer ? est-ce que je dois dire à Hadiza ce que j’ai entendu et retourner et rentrer dans mes affaires ? et si ce n’était pas son mari ? je décidai d’aller voir de moi-même et confirmer ou infirmer. Au moment où j’arrivais à la porte, les gémissements s’arrêtèrent et soudainement la porte s’ouvrit comme-ci c’est moi qu’on attendait avec la phrase suivante : je vais me chercher de ….
Moussa, chemise déboutonnée avec une culotte, n’avait pas eu le temps de finir sa phrase quand il m’a vu, moi aussi je l’ai vu et je voyais aussi la troisième personne couchée toute nue sur le lit. On voyait que cette dernière venait de loin. En ce moment toutes les questions que je me posais avant d’arrivée à la porte étaient devenue caduques, oui elles n’avaient plus aucune importance, parce que cette personne nue qui venait de coucher avec Moussa, je la connaissais, c’est Cheick, mon Cheick à moi, mon mari...
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