Bonjour et bonne
fête du travail !!! La nigérienne toujours à l'honneur, nous profitons de l’occasion pour vous relater l’histoire
de Mme. HAROUNA OUMAROU Habsou, Ingénieur statisticien économiste de formation et directrice des études et de la programmation du Ministère des Mines.
A l'âge de 7 ans, je n’ai pas encore commencé à partir
à l’école, car, Benjamine d’une fratrie de onze garçons, ma mère (paix à son
âme), voulais que je reste à la maison pour lui tenir compagnie ; les
autres ayant tous quitté la maison pour continuer leurs études en ville. C’est
quand un de mes frères, professeur de sciences naturelles au collège de Maradi
est venu rendre visite à la famille, il a constaté que tous les enfants de la maison
sont partis à l’école sauf moi. Il a donc demandé à ma mère pourquoi ? C’est
alors qu’elle lui a fait part de sa décision de ne pas me scolarisée pour les
raisons évoquées ci-haut. Mon frère a eu du mal à la convaincre, mais il a
finalement réussi. Et c’est alors qu’il est parti négocier le directeur de
l’école centre de Mayahi pour m’accepter en classe de CI. Ce dernier a
acquiescé en espérant que je puisse rattraper le retard d’un trimestre accusé.
C’est comme ça que j’ai commencé à partir à l’école en 1985 et j’ai vite rattrapé le retard.
En classe de CE1 déjà (en 1987), on venait me
chercher pour corriger les élèves des classes supérieures et je recevais des
cadeaux de la part des enseignants (des bâtons de craie, des crayons de
couleurs, des bonbons…). Jusqu’en classe de CM2,
je faisais toujours partie des 3 premiers de ma classe. Et c’est alors
que ce même frère, profitant d’un séjour dans la famille, a convaincu ma mère
de le laisser partir avec moi pour bien m’encadrer afin que je réussisse mon
CFEPD. Il s’est alors rendu dans mon école pour demander mon transfert, mais
mon directeur a refusé, car il dit que je fais partie des élèves sur qui
l’école centre compte pour réaliser un bon taux de réussite au CFEPD.
Effectivement, j’ai été 3ème du Centre de Mayahi au CFEPD en 1990.
Arrivée au collège, je me suis vite familiarisée avec
les nouvelles matières qu’on n'avait pas aux primaires, notamment, les
mathématiques, physique, chimie. En 1992, une année blanche est venue perturber
le cours normal des évènements.
En classe de 4ème, en début d’année, mon
prof de math m’a surpris en train de rire et m’a dit de montrer la blancheur de
mes dents sur ma copie. J’ai dit d’accord monsieur, c’est noté. À la fin de
l’année, il était tellement fier de mes résultats, qu’il a dit : « tu as
vraiment montré la blancheur de tes dents sur tes copies. »
Jusqu’en 3ème, je suis 1ère ou
2ème, rarement 3ème de ma classe et je suis restée
polyvalente. J’ai réussi mon BEPC à l’écrit avec mention en 1995-96, mais
j’étais submergé par deux émotions contradictoires : D’une part, heureuse
d’avoir réussi mon BEPC et d’autre part, très triste à l’idée de quitter ma
famille et mon village pour fréquenter le lycée de Tessaoua en ce temps
nouvellement créé. En 96-97, rentrée en
seconde commune U2 au lycée de Tessaoua, je quittais tous les vendredis pour
passer le weekend à Mayahi et revenir les dimanches soir (un trajet d’environ
100 km aller-retour). Vu la lourdeur du trajet, mes parents ont informé mon
grand frère et il m’a transféré au lycée Idriss Alaoma de Diffa. Pour mon
transfert, on m’a appelé et on m’a remis mon dossier et mon bulletin du 1er
trimestre, je suis 1ère de ma classe, malgré tout.
J’ai gardé mon rang de 1ère jusqu’à la fin
de l’année et ma moyenne scientifique étant supérieure à ma moyenne littéraire,
on m’a orienté en classe de première C. On était que 9 élèves dans la classe, 2
filles, 7 garçons. Et c’est à partir de là que les turbulences ont commencé. D’abord,
quand j’ai informé mon grand frère, il a dit wayyyy, la série C est très dure,
est-ce que tu pourras. J’ai fait le BAC C trois fois avant
d’admettre difficilement. Mais bon tu peux toujours essayer, mais si ça ne va pas, dès la fin du 1er trimestre, il faut retourner en série D. ok ?
J’ai commencé mes cours normalement. Les maths,
physique-chimie sont en coefficient 5 chacun. Notre 1er devoir de
mathématique s’est passé un samedi, durant 3 heures de temps et quand les
résultats sont sortis, j’avais eu 5/20 et donc multiplié par coefficient 5, ça
m’a fait 25/100… J’ai pleuré mais mon frère m’a encouragé en me disant de
redoubler d’efforts, ça va aller.
J’ai continué à bosser et finalement mes notes se
sont significativement améliorées avec le temps, et les garçons ont commencé à
m’accuser d’être la copine des profs.
Aussi, je n’ai jamais négligé les autres matières littéraires bien que
leurs coefficients étaient moins forts (2, 3).Et justement, j’avais eu la 2ème
meilleure note (41/60) à l’anticiper (BAC français) après un élève de la série A
et je me rappelle bien, une délégation de l’administration de mon Lycée est
venue me l’annoncer en classe et me félicité.
En terminale, tout s’est bien passé, j’ai eu mon BAC
C à l’écrit avec mention (en 1999). Après un an (en 2000) sans orientation,
j’ai finalement obtenu une bourse de coopération pour aller étudier les sciences Exactes Technologies et Informatique (SETI) à l’Université des
Sciences et de la Technologie Houari Boumediene d’Alger. C’est un peu comme MP
de l’UAM. C’est un tronc commun de :
- - Un an pour faire
statistique, informatique ou recherche opérationnelle ;
-Deux ans pour
télécom, génie civil, électromécanique, …
La 1ère année (2001) a été très dure pour
moi : nous sommes arrivés en Novembre alors que la rentrée a eu lieu en
septembre (2 mois de retard). De plus, c’était l’hiver, il faisait très froid
et pleuvait abondamment tous les jours; pendant un mois on était resté dans la
chambre attendant que la pluie s’arrête pour commencer à partir à la Fac. C’est
alors que nos anciennes se sont rendu compte qu’on ne part pas à la fac et
sont venues nous demander la raison. Tous ces paramètres ont fait que j’ai
repris la 1ère année (2002). C’est aussi l’année où l’état nigérien
a arrêté de nous donner la bourse.
Après le tronc commun SETI, j’ai choisi de faire
statistiques, mais les garçons m’ont découragé, car je suis la 1ère Nigérienne à choisir cette filière et mes ainés garçons qui y sont déjà ont
fait 6, 7 ans pour un cycle de 4 ans après le tronc commun. Il n’y avait pas
encore le système LMD en ce temps et même si l’étudiant a 12 de moyenne, s’il a
une note éliminatoire dans un module ( inférieur à 5), il reprend l’année.
En 2ème année, notre prof d’informatique (langage
de programmation C++) enseignait pratiquement en arabe et on était 5 africains
(Nigérienne, Malienne, Burundaise, Sénégalais et Ivoirien) dans la section.
Quand l’Ivoirien lui a dit qu’on ne comprend pas son cours, il a dit : vous
ferez mieux d’apprendre l’arabe.
En mai 2003, un terrible tremblement de terre
occasionnant beaucoup de blessés et un mort dans la communauté nigérienne, nous
a vraiment terrorisé et perturbé. On s’est
repris difficilement mais par la grâce de Dieu, nous avons continué nos études.
J’ai soutenu mon mémoire de fin d’études en septembre 2007sur le thème « Analyse
des pluies sur le Nord de l’Algérie (analyse des données, zonage,
modélisation statistique de longues séries de précipitations, prévision des
phénomènes extrêmes en pluviométrie) » après un stage à l’Office National
de la Météorologie (ONM) de Dar-El-Beida / Alger et obtenait mon diplôme d’Ingénieur
d’Etat en probabilité et statistique, option Statistique.
Mariée en octobre 2007, j’ai commencé un stage au
département climat et environnement à ACMAD en 2008 puis un petit contrat d’un
an. C’est l’ACMAD qui m’a envoyé pour représenter le centre à la 1ère
réunion du réseau en 2009. Ensuite j’ai quitté pour faire mon service civique à
l’Institut National de la Statistique (INS) de 2009 à 2011.
En 2012, j’ai été recruté au Service Informatique et
Statistique de l’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi (ANPE). Puis,
j’ai quitté l’ANPE en 2014 pour être au Ministère des Mines où je suis
actuellement directrice des études et de la programmation.
- Enseignante vacataire à la Faculté des Lettres et
des Sciences Humaines (FLSH) (3ans) ;
- Membre du RFST/N et de AFSIEN ;
- Femme au foyer et mère de 5 enfants (ma Sha Allah)
dont 4 vivants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire