Quand j’étais
petite, mes parents me parlaient des conditions dans lesquelles ils avaient étudié
surtout quand je refusais d’aller à l’école. C’était une façon pour eux de me
dire à quel point ils avaient souffert. Ils n’avaient pas d’ampoules pour réviser,
ils devaient parcourir de longues distances pour parvenir à l’école, avec en
poche 10 fcfa pour passer la journée… Cependant
à aucun moment, ils ne m’ont parlé de grèves d’enseignants ou d’élèves qui leur
ont empêché d’étudier ou encore d’enseignants non qualifié. Les élèves
n’avaient d’autres choix que d’être polis et assidus dans des classes tenues
par des enseignants passionnés par leur métier de rêve : l’enseignement.
Plusieurs décennies
après, la situation de l’école nigérienne est tout autre : les années académiques
sont rythmées par des grèves d’enseignants appuyées par celles des enseignés.
Comme-si la suspension des cours ne suffisait pas, les élèves et étudiants
cassent tout sur leurs passages à chacune de leurs sorties musclées. Face à ces
élèves fâchés, il y a toujours les forces de défense et de sécurité, qui sont
là pour arrêter les « casseurs », ce qui virent souvent à l’affrontement.
L’année dernière, un étudiant a perdu la vie dans ces affrontements… Un remix d’un
9 février 1990 où quatre étudiants avaient perdu la vie de la main des forces
de police. Aujourd’hui encore la situation est loin de s’arrêter.
Résultats, nous
assistons à une dégringolade du système éducatif nigérien. Le niveau de
certains enseignants laisse à désirer, les élèves n’en parlons même pas car il
y a des étudiants qui sont incapables de te formuler une phrase complète sans
faute. Personne ne tire la sonnette d’alarme. Les syndicats d’enseignants se
sont proliféré, l’unique syndicat des élèves, lui, est souvent infiltré par
des perturbateurs. Bref, tout est réuni pour que notre école chute.
Au moment où j’écris
ces mots, rien ne va dans nos écoles. Un mot d’ordre du syndicat des scolaires
qui suspend de façon illimitée les cours, nos étudiants et élèves exclus, le
campus universitaire de Niamey fermé, des étudiants qui errent dans la ville sans
endroit pour dormir. J’aurai voulu ne pas employer ces termes pour parler de
l’école de mon pays, ma chère patrie. C’est malheureusement les mots les plus
doux que j’ai trouvés.
A qui la
faute ? je dirai que nous sommes tous responsables, tous coupables de
regarder cette école sombrer sans agir.
Si les autorités ne
donnent pas toujours aux élèves et étudiants ce qu’ils demandent, élèves et étudiants
doivent tout de même faire des compromis. Chacun doit en faire d’ailleurs, les
autorités en charge de l’éducation constituent un noyau essentiel dans la résolution
de la crise scolaire. Ce n’est pas parce que les élèves utilisent les muscles
pour faire entendre leurs revendications que ceux qui ont en charge l’éducation
doivent utiliser la force en réponse. On ne doit plus enseigner parce que c’est
la seule façon pour nous de travailler, on enseigne parce qu’on aime le faire.
Enseigner sans être qualifié, c’est condamner des enfants à échouer. Ceux qui
ont en charge l’éducation doivent aussi fournir aux écoles le nécessaire pour
que l’éducation puisse se dérouler dans de bonnes conditions : payer les enseignants,
veiller à ce qu’ils soient qualifiés, payer les bourses des étudiants et
s’inscrire dans la recherche de solutions durables en cas de crise. Quant aux
scolaires, les premières victimes en cas d’année scolaire inachevée, doivent
bannir la violence dans leurs revendications. Cette époque est révolue.
D’ailleurs, en cassant on casse nos biens. On rend laide notre ville. Qui
perd ? C’est nous tous qui perdons. Il est temps de penser véritablement à l’avenir de ce
pays.
Nous devons prendre
conscience de la situation actuelle, on ne blague pas avec l’éducation d’une
nation. Au contraire, on investit dans ce secteur car il constitue la clé du développement.
Tous les maux peuvent trouver une solution si les enfants de la nation bénéficient
d’une éducation de qualité, qu’ils soient enfants de pauvres ou enfants de
riches, qu’ils soient en ville ou dans la zone la plus reculée du Niger. La relève
avec une jeunesse pas ou mal éduquée ne peut être que catastrophique. Alors, il
est temps d’agir en faveur de l’école nigérienne.
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