Depuis 1991, la
femme nigérienne célèbre chaque 13 mai, la journée nationale de la femme. Une
journée pour « fêter » des acquis engendrés à la suite de plusieurs « luttes ».
C’est bien de célébrer des acquis, mais l’heure est-elle vraiment à la fête face
à la situation que vit la majeure partie des femmes nigérienne ?
Aujourd’hui encore,
elles sont nombreuses ces jeunes filles, parce que c’est la fille qui deviendra femme,
qui n’ont jamais eu parmi les options qui leur sont offertes, celle d’aller à
l’école. Le matin, elles ont le choix entre aller puiser de l’eau au puits du
village, ramasser du bois ou encore vendre des petits articles pour subvenir
aux besoins de leurs familles respectives. Pour les moins chanceuses, elles se
retrouveront dans les rues de nos villes à tirer des mendiants ou à nous tendre
la main pour une petite pièce.
Chez nous, même
quand une fille a la chance d’aller à l’école, elle n’est pas à l’abris d’un
retrait. Il suffit qu’un riche homme sans scrupule tombe sous le charme de l’écolière
pour que celle-ci voit son avenir compromis. Combien de jeunes filles,
tellement brillantes, ont été forcée d’arrêter leur scolarité pour devenir des
femmes au foyer sans pour autant être psychologiquement et physiquement prêtes ?
Et lorsque par malheur, la jeune et innocente femme au foyer tombe enceinte et
de suite de complications de la grossesse elle devient fistuleuse, son mari l’abandonne.
Combien sont passées dans les ONG qui s’occupent de ces victimes de mariage précoce
à l’exemple de l’ONG DIMOL ?
Combien sont-elles
ces femmes qui lorsqu’elles sont enceintes n’amènent pas cette grossesse à
terme parce que les conditions ne sont pas réunies… Combien sont-elles ces
femmes qui perdent la vie en donnant la vie ? Le quotidien d’une femme
normale au Niger, c’est se réveiller le matin avant tout le monde, réchauffer
le plat de la veille pour le petit déjeuner, faire la vaisselle, balayer la
cour de la maison, laver les enfants, aller au puits, piler le mil, faire le déjeuner,
aller chercher du bois, préparer le diner, s’assurer que tous les membres de la
famille se porte bien avant de s’endormir après tout le monde et le cycle
reprend. Pensez-vous que l’heure est vraiment à la fête quand nous avons
encore des sœurs qui vivent ces situations d’injustice ?
Souvent beaucoup de
nos sœurs pensent que la femme c’est uniquement celle qui est en ville, celle
qui est allée à l’école, celle qui n’a pas besoin de parcourir des kilomètres
pour accéder à l’unique point d’eau que partagent plusieurs villages environnants.
La femme nigérienne, c’est aussi notre mère, grand-mère, sœur, tante, cousine,
amie qui ignore tout de ses droits mais qui garde espoir qu’un jour la
situation va changer pour elle et pour toutes les autres femmes de son village.
Que faisons-nous
pour ces femmes ?
Il ne suffit pas d’exiger
25% de femmes au gouvernement et au parlement pour penser que le tour est joué.
C’est un travail au quotidien que chaque femme doit mener. A mon avis, si nous
avons eu la chance d’aller à l’école c’est pour devenir les porte-voix de
toutes ces filles et femmes pour qui l’espoir n’est qu’une utopie. Ce n’est pas
uniquement en envoyant quelques maigres sous à la fin du mois au village ou en
employant une ménagère chez nous qu’on pense devenir des « sauveuses »
pour elles. Le combat va au-delà.
Je ne dis pas qu’il
n’y a pas des femmes qui font des choses extraordinaires… Les quelques
structures de femmes qui œuvrent pour la promotion de leurs pairs jouent
parfois à se mettre les bâtons dans les roues. Le travail est tellement vaste
qu’une seule femme ou une seule structure ne peut le faire.
A mon avis, la
solution à tous les maux de la femme est dans l’éducation. Si aujourd’hui, il y
a plus de filles qui vont et restent à l’école, on multipliera les chances d’avoir
des Aichatou Mindaoudou, des Aichatou Kané, des Hadiza Maiga, des Bayards
Gamatié ou encore des Bazeyes. Vous allez me répondre que souvent la femme n’a
pas de mot à dire, ce, surtout au village. C’est là que nous les femmes
instruites devront jouer un rôle crucial. Si celles qui sont allées à l’école allaient
de temps en temps au village pour sensibiliser et demander à ce que les filles
soient maintenues à l’école, je suis certaines que beaucoup de parents nous écouteront
et que des filles de nos villages pourront être inspirées. Dieu seul sait
combien d’arguments nous possédons.
Ça ne sera que
quand chaque fille pourra aller à l’école sans risque d’en être retirée, que le
droit à une vie saine et protectrice pour chaque femme et fille sera garantie,
que quand chaque femme connaitra ses droits ainsi que les moyens qu’elle a en
sa possession pour faire valoir ces droits, que nous pourrions véritablement fêter
cette journée.
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