Je m’appelle
Bintou. Depuis toute petite, je ne me souciais guère des tâches ménagères. J’ai
grandi avec des domestiques qui satisfont à tous mes désirs, ce, jusqu’aux plus
inattendus comme laver
mes dessous.Mes seules préoccupations
étaient les jolies fringues, l’école, et ramener de bonnes notes : mes
parents étaient fiers de moi. Aujourd’hui j’ai vingt-trois ans, mariée… Enfin,
presque mariée. A l’heure où je vous parle, je suis de retour chez mes parents avec
pour seule affaire un baluchon attaché à la va-vite. Je vais vous relater mon
histoire…
J’ai
connu Kader (mon époux) lorsque j’étais encore sur les bancs de
l’université ; jeune homme riche et élégant. Ce fut le coup de foudre
entre nous. J’étais toujours pimpante à nos rendez-vous. Il a demandé ma main
quelques mois plus tard. Notre mariage a fait le tour de la capitale et fut
célébré en grande pompe.
La
tradition nigérienne exige que la semaine suivant le mariage, les amis et
familles des mariés rendent visite au nouveau couple pour voir la nouvelle
maison (surtout la nouvelle mariée) et s’enquérir de leur santé. Il faut donc
préparer des mets copieux tant au déjeuner qu’au diner.
Les
premiers jours, tous nos visiteurs repartirent satisfait, car grâce aux cours
de cuisine trouvés sur internet, je parvenais à préparer de bons plats. En tout
cas, c’est ce que nos invités disaient. Ce que je ne leur avouais pas, c’était
que je passais la matinée à m’exercer et à rater les mets en cuisine. Mais,
tout cela n’est rien face à ce qui m’attendait dans les prochains jours.
Ma misère débuta lorsque la vaisselle a
commencé à s’amonceler dans ma cuisine après le départ de mes filles d’honneur.
Entre laver mes tasses et me faire les ongles, mon choix était tout fait. Kader
mettait cela sur le compte de la fatigue et le faisait à ma place après une
longue journée de travail. La mienne consistait à me faire belle et attendre
mon cher et tendre devant la télé, bercé par la climatisation.
Mais au
fil du temps, je n’étais plus la seule à guetter son retour à la maison :
les cafards et les mouches voulaient, eux aussi, souhaiter la bienvenue à leur colocataire.
J’essayais tant bien que mal de me faire aider mais monsieur ne voulait pas
d’aide-ménagère chez nous, car « c’était
trop tôt d’avoir une troisième personne dans la maison, un obstacle pour vivre
notre amour » me disait-il. Tant pis, je fais comme je peux.
Notre
belle chambre d’antan toujours parfumé avec des draps propres se transformait petit
à petit en débarras. Je n’avais pas l’habitude de faire le ménage à plus forte
raison gonfler mes doigts sur la lessive. Le comportement de mon mari en mon
égard déclinait peu à peu. De « chérie
aides moi à ranger » nous sommes passés à « Hey, je n’ai pas marié mon camarade garçon bouges toi un
peu ». Les seuls moments où nous étions toujours en phase restent le
lit… Malheureusement, cela ne suffit pas pour tenir un foyer.
Je
m’étais décidée à faire des efforts, qui s’envolent aux premières gouttes de
sueur sur mon front mélangeant ainsi mon maquillage. J’étais perdue entre le
linge, la cuisine et le ménage. Kader qui était toujours sapé et parfumé comme
jamais se retrouvais avec des chemises tachées et des pantalons fripés. Mon
cher époux n’invite plus personne chez nous, détestant de jour en jour notre
havre de paix. La bonne blague, je restais toujours pimpante dehors.
Mais le
jour de mon jour n’était plus loin. Vendredi soir, ma belle-mère se rendit
chez nous avec quelques autres parents pour voir son fils en coup de vent. Etant
prise de court, j’ai fermé la cuisine a clé, ranger comme je pouvais et
balancer un kilo de désodorisant. Pour moi, c’était joué.
Hélas,
j’avais oublié les assiettes sales sous les salons, les douches crasseuses, les
rideaux poussiéreux et pire les cafards qui ont décidés de faire la bamboula sur
le tapis en leur présence. L’odeur du désodorisant a laissé place au naturel
qui sied chez nous chaque jour. Trop c’était trop !!!
Je
savais que ce jour, j’allais le sentir passer cher. J’ai été tout bonnement
reconduite chez moi en plein dix-sept heures avec pour seul habit un tee-shirt
et mon pagne de la journée de la femme. Depuis, je regrette mon comportement. Je
suis là à me dire que j’aurai pu sauver mon couple, seulement je ne sais
comment car je ne sais pas faire les choses élémentaires pour entretenir mon
foyer, enfin… en dehors du lit.
J’avais
honte non seulement de moi, mais de la déception que je venais de faire vivre à
mes parents. L’on ne m’a peut-être pas intégrée dans les tâches ménagères, mais
toute bonne femme a le devoir d’être propre à l’intérieur comme à l’extérieur
au risque de devenir une risée comme je le suis aujourd’hui. Si seulement
j’avais décidé en apprendre un peu plus…
Kader mon
chéri je regrette mes actes, je vais m’appliquer pour rendre notre cocon
agréable à vivre. Pour te prouver ma bonne foi, je mettrai ma recherche de travail en stand bye sur le court terme, je m’engage à rester entretenir notre maison et te concocter de
délicieux mets.
Reviens
chercher ta Bintou, redonnes-nous une chance…
j'ai adoré, vivement une autre histoire
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