Connaissez-vous ce type de nigérien beau gosse, courtois,
adorable, au sourire envoutant à qui on ne peut rien refuser ? moi j’en connais
qu’un seul et c’est mon homme. Il s’appelle Cherif, mais tout le monde
l’appelle Pappus parce qu’il porte le nom de son grand-père. En plus d’être
beau, Pappus est intelligent et sait comment faire pour atteindre ses fins.
On s’est connus au téléphone. Il travaille au centre d’appels d’une compagnie de téléphonie à
Niamey. Un jour alors que je soupçonnais le réseau d’avoir volé mon crédit de
communication, j’appelai le service clientèle pour m’en plaindre et c’est là que
j’étais tombée sur une voix qui me rassura en me disant qu’il s’agissait d’une
erreur et que j’allais rentrer dans mes droits. Vu qu’on ne pouvait parler
d’autre chose que les services du réseau, cette voix qui m’était alors
inconnue me proposa de garder mon numéro afin qu’on puisse échanger. Curieuse
de savoir qui se cache derrière cette voix, j’acceptai. Quelques semaines plus
tard, sans rien comprendre, je devins la copine de Pappus, le monsieur du Call
Center.
Des heures aux téléphones, des sorties au parc, des
cadeaux… Je vivais une relation sans égal. Avant de rencontrer Pappus, j’ai
passé trois ans d’hibernation sentimentale à la suite de l’échec d’une énième tentative
de me mettre en couple. Pappus, m’a fait oublier les frasques de mes relations précédentes.
Je l’aimais et étais prête à tout pour lui. Une soirée d’anniversaire de notre
couple, alors qu’on venait d’échanger nos cadeaux, Pappus me fût part de son
intention de faire de moi son épouse. Moi, Lalla ? Je n’en revenais pas. Pappus
me rassura en ces termes « le temps passé en ta compagnie m’a convaincu
que seule toi est faite pour moi. Pour cela, je veux qu’on se marie pour vivre
un amour inégalé. »
Moi qui pensais qu’il n’y a plus grande joie que
d’être première de son centre d’examen au baccalauréat série C. En l’espace
d’un an, me voici comblée une fois de plus de bonheur après celui de
l’obtention de mon Bac. J’étais pressée d’en parler avec ma maman et aussi
d’appeler ma meilleure amie pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Ma maman était contente et fière de moi. Dans ma
famille tout le monde connait et apprécie Pappus. Mon papa l’appréciât particulièrement
car « il est très courtois et posé pour un garçon de son âge » disait-il.
Je me voyais déjà mariée. Madame Pappus Lalla, c’est comme ça que mes amies commencèrent
à m’appeler. Je pensais déjà à comment aménager ma maison, à regarder les
catalogues de meubles et aussi à bombarder mes amies et sœurs mariées avec tout
genre de questions. Quand Pappus vient à la maison, on ne parlait que du
mariage. Et même quand il rentrait chez lui, on continuait à en discuter.
Après le bac j’ai choisi la filière de pétrochimie,
une formation qui requiert de la concentration et beaucoup de travail. J’étais
prêtre et engagée pour être première de ma promotion, mais hélas depuis
l’arrivée de cette nouvelle j’avais tendance à être un peu trop distraite. Petit
à petit, je commençais à tout lâcher moralement et physiquement pour ne penser
qu’au mariage. Cela se ressentait jusque
dans mes notes de classes.
Les jours passèrent et avec Pappus on commença à
parler de la dot et de la période pour faire la demande de ma main comme
l’exige la tradition. Mais le bon Dieu voulant mon bonheur, j’eus comme un
déclic : je devais me concentrer pour rattraper mes cours.
J’en informe mon futur mari qui, toute la journée, resta
sur le répondeur. Aucun appel et pas un SMS ; j’avoue que j’étais inquiète. J’ai beau
essayer de le joindre, il a fallu le lendemain à mon réveil pour avoir de ses
nouvelles. Je prends mon telephone et là, nouveau message: « je pense que pour réussir notre
mariage tu dois arrêter les études. En
retour je m’engage à travailler 3 voire 5 fois même plus pour t’assurer une vie
de Reine ».
Je n’en revenais pas ; mais pour avoir le cœur
net, je l’appelle. Pappus me confirme ses envies en me rajoutant que je me
fatigue de trop et qu’il s’inquiète pour l’éducation de nos futurs enfants si jamais
je deviens une très grande intellectuelle. Bizarrement, je n’étais pas du tout fâchée
car pour moi les raisons de Pappus étaient toujours fondées.
Le soir, il était chez moi pour me parler encore de
ce sujet. J’étais convaincu qu’il ne voulait que du bien pour nous, j’étais
donc prête à accepter. Mais je ne pouvais dire oui sans en parler avec ma mère
qui en parlera à son tour à mon père. Au lendemain, mes parents étaient tous
les deux vénères, ils ne voulaient pas entendre parler de ce sujet. Dans mon
coin, j’étais fâchée contre ces derniers qui ne voulaient pas que je marie pour
une question d’école. Surtout que je me disais que même si je ne deviens pas
une grande ingénieure je pourrai enseigner et après tout, c’est le destin on
n’y peut rien.
J’appelle mon grand frère pour lui en parler, et tout
comme mes parents, il n’était pas d’accord que j’arrête l’école pour me marier.
Après m’avoir expliqué à quel point c’était important pour moi et même pour mon
foyer de continuer mes études, il me passa son épouse pour qu’elle me parle de
son expérience d’intellectuelle et femme au foyer. Après avoir raccroché, je
crois que cette nuit fût la plus longue de mon existence. Je ne savais pas quoi
faire, j’avais peur décevoir mes parents, j’avais aussi peur de perdre Pappus,
l’homme de ma vie. Je me levai pour faire des ablutions et prier pour implorer
le bon Dieu afin qu’il me guide. Ce jour, le sommeil m’a surpris sur le tapis
de prière. Au lendemain, je me réveille avec la conviction que je dois continuer
mes études pour tellement des raisons. J’appelai Pappus pour lui faire part de ma
décision. Mais pour ce dernier, pas d’alternative. Il resta sur sa position et
est allé jusqu’à me sortir ceci « tu
dois choisir entre l’école et moi. »
Je pense que c’est la première fois qu’il était déçu
de moi. Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que Pappus après l’obtention de son
BEPC a fait une école professionnelle et que comme son papa est un politicien
il a vite eu un emploi. Avec le temps Pappus changea à mon égard, il devint
plus agressif, il suffit d’une petite chose pour qu’il s’emporte. Il n’était
plus le même garçon attentionné et poli.
Je lui fis part de mon intention de rompre notre
relation pour me consacrer aux études qui devenait de plus en plus chargée. Pour
lui, la relation était déjà rompue : Il venait de se fiancer à ma meilleure amie….
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