« Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation »disait le défunt Adams Junior… L’artiste a vu juste, mais…. Au Niger aller à l’école et y rester est un luxe pour la majeure partie des jeunes filles, en particulier pour celles qui sont en zone rurale.
Vous savez ? On peut facilement résumer le parcours d’une jeune fille au Niger. Prenons l’exemple de celle qui va à l’école dans un village quelque part dans le pays. Lorsqu’elle a la chance d’aller à l’école, elle doit en plus de ses cours, aller puiser de l’eau, faire le bois, aider la maman dans ses tâches ménagères, faire du petit commerce et bien d’autres travaux.
À 13 ou 15 ans, un jeune ou vieillard du village la convoite ; on la retire de l’école pour la donner en mariage. Son avis ? ça ne compte pas. Ne rêvons tout de même pas, les seules et rarissimes questions qu’on lui posera c’est « es-tu vierge ? », « Quel modèle de lit voudrais-tu ? »C’EST TOUT. !!! Pour le reste, c’est toute une batterie de conseils : « ne nous déçois pas, fais tout ce que ton mari te demande et sois patiente »on peut écrire un livre avec ces conseils.
La pauvre troque ses cahiers pour la louche, le balaie, le pilon et un mari qui aura peut-être l’âge de son papa et à qui elle ne doit jamais dire non. Tout cela c’est en attendant l’arrivée des enfants si d’ici là d’autres problèmes comme la fistule obstétricale ne viennent pas mettre fin au mariage. Le plus souvent les maris renvoient la fille chez ses parents et c’est la fin du mariage ; ils ne peuvent pas vivre avec une épouse qui ne peut pas retenir son urine, comme-ci ce problème était intervenu sans l’intervention de cet homme.
La pauvre fille propulsée au statut de femme au foyer devient une charge pour sa famille. Au Niger, 3 filles sur 4 sont mariées avant 18 ans. Combien sont-elles ces filles qui sont si brillantes à l’école, mais pour qui le directeur d’école n’a rien pu faire face à un père qui souhaitait par tous les moyens donner sa fille au Elhadj du village ? Combien sont-elles ces jeunes demoiselles qui avaient des rêves, de devenir un jour des femmes à l’image de celles qu’elles voient à la télé, ces femmes ministres ou chef d’entreprise ? Quel est le nombre de filles à qui nous sommes en train d’ôter le droit de rêver ? Devrions-nous continuer à rester indifférent parce que ce n’est pas dans notre village ? Dans notre quartier ? Parce que ce n’est pas notre fille ?
Et si on se décidait à raconter l’histoire autrement ? **Oui, nous pouvons raconter l’histoire différemment, en militant pour que les filles aillent à l’école et qu’elles y restent. Si une fille réussie, c’est le pays qui réussit. Elle pourra mieux contribuer à la gestion de la famille, mieux éduquer ses enfants, aider ses parents mais aussi participer à l’effort de construction nationale.
Si Dieu a créé les hommes et les femmes c’est parce qu’il sait que chacun a un rôle important à jouer. Alors donnons les mêmes opportunités aux filles, ne les retirons pas de l’école, laissons-les étudier, avoir des rêves, les exprimer et un jour les réaliser.
C’est le message que chacun d’entre nous doit véhiculer, c’est le message que chaque parent sur le point de donner sa fille en mariage doit entendre. Les personnes qui peuvent les convaincre ne sont autres que les femmes qui ont réussi grâce aux études, car elles sont la preuve qu’on peut être une femme et réussir avec brio. Osons parler au nom de toutes filles à qui on a ôté la parole et mettons fin à cette injustice.
Bne fête
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