Au Niger comme dans beaucoup de pays africains, l'on s'inquiète sur un phénomène de plus en plus récurrent, en zone rurale comme urbaine : les violences conjugales, incluant physiques, morales et/ou sexuelles. Quand certaines victimes n’osent pas encore aborder le sujet par crainte de revivre ces moments, par crainte de possibles répressions, d’autres ont choisi de briser le silence…
Elle s’appelle Mina, jeune femme de vingt-sept ans. Elle a quitté Tajaé, une petite commune du département d’Illéla lorsqu’elle n’avait que quinze ans pour rejoindre son futur mari et bourreau à Zinder. Ousmane et Mina sont cousins, elle jeune fille non scolarisée et lui, manœuvre de chantier.
Au début de notre mariage, Ousmane était un homme tout ce qu’il y a de plus merveilleux. Mais hélas, le bonheur du mariage je ne l’ai connu que quelques mois. Les coups pleuvaient pour un oui, pour un non, et même quand je ne répondais pas de peur de le froisser. Dans mon esprit de jeune enfant, c’était de ma faute si mon mari n’était pas content de moi. J’avais peur qu’il appelle au village pour informer mes parents de ma conduite alors je redoublais d’efforts pour lui faire plaisir, excusant ses coups et en cachant au monde ma honte, mes pleurs et les traces de poings. À l’époque nous vivions dans un célibatérium et tout le monde a fini par partager mon calvaire car les coups devenaient de plus en plus fort : mes sanglots se sont mués en cris…
À ma première grossesse, j’ai cru qu’il allait arrêter de me frapper à cause de cet enfant qui était dans mon ventre. Mais je me suis trompée, sanglote-t-elle.
À mon troisième mois, il m’a battu si fort parce que le repas n’était pas assez chaud selon lui ; j’ai perdu mon enfant. C’est le voisin qui m’a amené aux soins, et là même je n’ai pu le dénoncer. Il me répétait sans cesse qu’il allait me tuer. Aux coups se sont ajoutés des violences sexuelles. Quand je l’entendais rentrer du travail, je frissonne toujours. Deux enfants sont nés dans cet enfer. Une fois, il m’a battu si fort avec la tête de gaz que je me suis évanouie. Ce jour-là, j’avais compris qu’il finirait par me tuer. Si je reste avec lui, ça serait lui ou moi.
Mon secours est venu d’une tante qui habitait aussi Zinder avec son mari et ses enfants. Profitant des heures de travail de mon ex-mari, je me suis enfui avec mes enfants. Elle a été choquée devant mon état délabré et mon amaigrissement. Lorsque je lui ai raconté mon histoire, elle s’est proposé de m’aider. Une fois mes parents alertés, j’ai été horriblement surprise de la réaction de mon père qui me sommait de rejoindre mon foyer ou il viendrait me chercher pour m’y ramener. Avec l’aide de ma tante et son mari, je me suis enfuie de Zinder pour me cacher à Niamey chez des amis à eux pendant une année. J’ai trouvé un travail dans un restaurant comme ménagère. Aujourd’hui je connais mes droits et je suis autonome financièrement. Mes enfants ont pu me rejoindre grâce à Dieu et sont scolarisés. Je ne sais pas si mon mari me cherche ; je n’ai plus de contacts avec ma famille et nos connaissances communes hors mi ma tante. J’ai choisi de ne pas porter plainte, je n’ai plus peur de lui mais la sentence divine est celle que je prie entre lui et moi.
Les violences faites aux femmes demeurent une réalité dans le vécu des Nigériens et persistent sous différentes formes. Il est bien d’espérer la mise en place de structures de prévention et de prise en charge, mais une tolérance zéro tant en milieu urbain que rural s’impose face à ces violences contre le genre. Nos femmes doivent oser, oser dire NON mais pas que : l’État et les différents organismes internationaux ont l’obligation de les soutenir et de les rassurer part l’instauration d’une justice sévère et dure mais aussi avec le devoir de l’appliquer envers tous ceux qui considèrent la femme comme un tambour sur lequel il faut taper matin et soir.
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